Hollywood n’a jamais engrangé autant de dollars que depuis la dernière décennie. Pourtant, la crise d’inspiration des grands studios est aujourd’hui plus palpable que jamais. Après les adaptations dites « naturelles » de comics, de livres ou de séries TV, la Mecque du cinéma a commencé à déraper sévère en adaptant pour le grand écran des jeux vidéos, des attractions, des jouets, comme Transformers et GI Joe, et même des jeux de société (Battleship). Autant dire que la mise en chantier d’un film Lego ne semblait pas a priori être l’idée du siècle. Mais contre toute attente, La Grande Aventure Lego explose sans mal la concurrence et réussit son pari, à tous points de vue. Dans les années 90, la guerre Nintendo/Sega faisait rage, et on a un peu vite oublié l’autre grand conflit de l’époque, celui qui n’a pas eu les honneurs des livres d’Histoire : Playmobil versus Lego. Playmobil, c’est avant tout des coupes de cheveux de ploucs pour des histoires bien relou, tandis que Lego, c’est le foisonnement, l’inventivité, la création, les possibles – et aussi un bon paquet de poussière, des bébés étouffés par les toutes petites pièces et des pieds meurtris. Mais, comme toute saga à succès, Lego a mangé son pain noir et a pas mal galéré. La firme danoise a cependant su évoluer, se diversifier, pour devenir aujourd’hui un immense empire qui ne semble plus avoir de limites. La réinvention de Lego passe dans un premier temps par des partenariats gagnants avec des grosses franchises (Batman, Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter…) et la fusion entre ces univers immédiatement identifiables, et adulés à travers le monde, et les petites briques en plastique fait sens (et sensation) – chacune des parties en sortant grandies. Puis, des films estampillés Lego (Batman ou Star Wars, toujours) ont débarqué en DVD et c’est tout naturellement qu’un long-métrage a fini par trouver son grand écran. Les univers parviennent à s’entrechoquer sans provoquer le moindre haussement de sourcils. Forts du passé de Lego, les réalisateurs Phil Lord et Christopher Miller (pas les derniers branquignols : 21 Jump Street et Tempête de boulettes géantes), à qui on a manifestement laissé carte blanche, s’en donnent ici à cœur joie et livrent un des films les plus inventifs de l’année. Coup de maitres, ils réussissent même à déjouer toute idée d’incohérence par un twist malicieux. Ce twist, ainsi que la capacité des lego à se construire, se déconstruire ou exploser sans réelle conséquence, permettent au film d’atteindre de hauts niveaux de folie pure, narrative comme visuelle. Les univers parviennent à s’entrechoquer sans provoquer le moindre haussement de sourcils (il ne faudra pas s’étonner de voir Batman vouloir faire la teuf avec Han Solo…). Les enfants y trouveront largement leur compte (c’est touffu, coloré, drôle, vif) et les geeks repéreront avec plaisir les multiples références (des claires et nettes – Star Wars – aux presque subliminales – Terminator, Indiana Jones) et se délecteront du casting de voix (Chris Pratt, Will Ferrell, Elizabeth Banks, Liam Neeson, tous hilarants…). Mais là où le film fait vraiment fort, reléguant les autres animations du moment à de simples divertissements, c’est bien dans son discours : le méchant, le bien nommé Lord Business, est un président tout puissant à la tête d’un pays en voie de totalitarisation et pousse chaque jour un peu plus ses concitoyens à l’immobilisme, avant que la résistance, engagée par un personnage lambda issu du peuple, ne se mette en place. Et c’est bien à une révolution sociale que nous assistons, toute animée soit-elle. Note Blu-Ray : 5/5 Galette parfaite techniquement et agrémentée de plusieurs modules sympathiques (mais aussi de bandes-annonces un peu encombrantes pour d’autres productions lego). On retiendra surtout la visite du siège Lego et les courts-métrages amateurs inclus, hyper bien fichus. La grande aventure Lego. Film d’animation américain de Phil Lord et Christopher Miller. Avec les voix (VO) de Chris Pratt, Jonah Hill, Will Arnett, Morgan Freeman. Sortie salle le 19 février 2014 et DVD/BR le 25 juin 2014. Durée : 01h40. Editeur : Warner.
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